« Alors, comment dire, par quoi commencer pour résumer cette 9ème étape ?
Ce soir on a fait la moitié de la TransEspaña en nombre d'étapes (9/18) et en km (552/1081). Le plus difficile est-il passé ou à venir ? Certes les organismes commencent à être fatigués mais aussi à être habitués à enchaîner quotidiennement ces km. La météo a été jusqu'à présent relativement clémente avec néanmoins des après-midi de plus en plus chauds alors qu'au petit matin il fait souvent frais à froid.
Pour cette journée, cette dernière avec relativement du gros dénivelé, il y a beau y avoir eu 10km de moins qu'hier, elle ne fut pas moins difficile que les précédentes.
Nous sommes partis direct droit dans la côte et ça ne fait pas vite avancer le kilométrage. La descente n'a pas été assez longue pour faire remonter mon allure moyenne au-dessus de 9km/h. Et au premier ravitaillement les 15km m'avaient pris 1h43. 6' d'arrêt pour retirer le débardeur coupe-vent, m'alimenter et recharger mes bouteilles et je suis reparti à l'assaut du second "coup de cul" du jour. Les ravitaillements avaient été positionnés au pied de chacune des difficultés du jour (sauf le 3, en pleine descente mais peu de temps après une nouvelle montée). Autant il avait fait très frais quand nous sommes partis, autant dès que le soleil est passé au-dessus des hauteurs environnantes on sentait l'ardeur de ses rayons. Je m'étais badigeonné de crème solaire et protégé bras, mains et tête. Il y avait de nombreux arbres au bord de la route et le tracé de celle-ci était sinueux, donc nous avons eu de l'ombre assez souvent.
Comme on va vers le sud, le soleil est derrière nous ou sur notre gauche et au fil des heures, il passe de face, mais ça tourne tout le temps ce qui m'a fait jouer avec ma casquette que je mettais tantôt à l'envers tantôt à l'endroit.
Au ravito 3, quand j'ai recommencé à descendre, j'ai failli me faire bloquer par un troupeau de moutons que le berger déplaçait mais ma vivacité d'alors me fit accélérer à bon escient. Jusqu'à présent j'étais rentré peu à peu dans mon étape et avec la musique dans mon MP3 je savourais ces moments rien qu'à moi. Puissiez vous un jour connaître ces moments d'extase où l'effort est oublié, où les sens sont exacerbés mêlant le visuel au détour d'une courbe où la vue est magique, l'olfactif avec les différentes senteurs des fleurs, genêts entre autres, l'auditif avec une bande-son spéciale Carlos Santana, le tactile où la foulée est si légère que je ne ressentais plus les douleurs passées... un pur moment de bonheur !
Bien sûr, comme tout rêve, qu'il soit éveillé ou pas, il y a un moment où il faut revenir sur terre mais j'ai "kiffé un max" comme disent les "djeun's".
Le retour sur terre fut matérialisé par une nouvelle montée et un changement drastique de paysage. Moins d'ombre donc plus de chaleur, revêtement plus rugueux, passage dans un chemin puis longue portion vers une petite ville où se situait le dernier ravitaillement. En ce 1er mai, il y avait la fête de la vierge sans tête avec toutes les animations qui vont avec. Heureusement, j'ai raté la procession mais j'y ai gagné à croiser les beautés locales toutes plus court vêtues les unes que les autres. J'ai traversé la fête sans me laisser trop distraire et là, je l'ai vue ! Grande, longue, interminable, j'en eus les jambes coupées quelques instants avant de réaliser qu'il fallait que je m'y attaque sans tarder : il s'agissait, vous l'aviez compris, de la longue et forte montée qui se présenta à ce moment. J'ai choisi de la déguster avec modération en l'entamant en alternant marche et course puis en la finissant en marchant. Le goudron fit place à du chemin de pierres et cela dura trop longtemps à mon goût avant de repasser sur une portion d'asphalte. Nous sommes retournés sur la route principale pour les 5 derniers km.
Quand j'ai franchi la ligne d'arrivée j'ai été soulagé car ça commençait à me chauffer un peu partout. Vite une boisson fraîche houblonnée pour épancher ma soif de frais puis un coca.
Et ensuite, tout reprendre les rituels les uns après les autres afin de pouvoir se reposer.
Demain, 69km avec peu de dénivelé mais le début de longues lignes droites. Va falloir gérer autrement et compter avec la température qui sera d'au moins 28° en milieu d'après-midi.
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